Transformation digitale : de l’amélioration de la performance business et l’accélération du business à l’adaptabilité

Après presque 10 ans, le sujet de la transformation digitale est toujours un des sujets clé des grandes entreprises. Le rôle initialement temporaire des Chief Digital Officers en charge le plus généralement de la transformation digitale de leurs entreprises n’a pas changé car le sujet est et reste entier, surtout depuis l’arrivée tonitruante de OpenAI et son ChatGPT qui remet à plat toutes les stratégies mises en place et en cours de déploiement. Même si l’IA n’est pas encore mature, les inquiétudes qu’elle a généré dans les groupes internationaux comme dans les ETI rebat complètement les cartes. Car il n’est plus question simplement de transitionner d’un monde traditionnel où les consommateurs vont dans des magasins, avec la structure opérationnelle associée, à un monde digitalisé où la stratégie doit être « omnicanal ». Il est maintenant question de savoir s’inventer et se réinventer dans un monde qui avance plus vite que le temps des entreprises.

Redéfinir son périmètre d’expression

Le marché a prouvé sur ces 20 dernières années qu’il évolue bien plus vite que le temps de lancement classique de nouvelles activités ou de nouveaux outils de productivité. Il est bien loin le temps où l’on pouvait déployer sans trop s’inquiéter dans une période de 3 à … 5 ans une grande innovation. Dans cette fenêtre de temps, les médias sociaux peuvent apparaitre, tout comme la « gig economy », l’essor du mobile et du eCommerce, des applications professionnelles dans le cloud, … L’expérience client et collaborateur change, progresse et se développe sans cesse, poussant dans ses retranchements des organisations qui n’ont pas l’habitude d’autant de pression.

L’objectif dans un tel environnement ne peut plus être de s’adapter, mais de devenir adaptable par nature. Il n’était déjà plus possible de produire seul, mais de s’appuyer sur de plus en plus de fournisseurs et prestataires et de créer un écosystème autour de soi. L’innovation n’échappe pas à cette évolution. Une innovation qui devient de plus en plus critique pour suivre l’évolution des comportements des consommateurs et des collaborateurs, et qui ne peut plus du tout se trouver en interne. Elle doit créer son écosystème de collaboration, avec des règles qui sont bien différentes de la R&D produit classique. L’objectif doit être de se focaliser sur son savoir-faire unique et de devenir suffisamment attractif pour que les acteurs innovants puissent tester rapidement des collaborations sans que cela ne prenne 3, voire 5 ans …

Devenir une plateforme pour les autres

Le succès fulgurant des mastodontes qui ont pris d’assaut les premières places des valorisations ont cette capacité. Celle d’accueillir rapidement et efficacement de nouveaux acteurs, de tester et de lancer de nouvelles initiatives rapidement et avec le moins d’effort possible pour leurs organisations. C’est le cas évidemment des acteurs de la tech, comme Apple, Amazon, Google et autres. C’est aussi le cas dans des secteurs qui ont le vent en poupe, comme la mode et le luxe, même si c’est moins perceptible de l’extérieur. Le monde de la distribution avance aussi dans cette direction, même si les challenges technologiques sont bien plus importants et complexes. Ceux qui sont capables de se transformer en plateforme et en tremplin pour les autres deviennent les têtes de pont de leur industrie.

C’est ici qu’il faut puiser les sources d’inspiration pour innover. C’est en devenant cette plateforme qu’il est ensuite possible de faire levier sur des opérations plus classiques comme le M&A ou des projets de partenariat stratégique plus rapidement et avec plus de certitude. Car il y a plus de chiffres, d’analyses et d’opérations qui auront été menées pour prendre les décisions. Et c’est dans cette direction que les Core Business et les directions de l’innovation doivent évoluer. Pour aller plus vite dans la validation des initiatives qui permettent d’augmenter la performance de l’entreprise, à tous les étages et à tous les niveaux. Pas une mince affaire car il est ici question de faire évoluer une culture d’entreprise et de penser différemment.

Déployer sa plateforme d’accostage des innovations

Le challenge majeur des entreprises dans les prochaines années sera de définir leurs propres plateformes d’innovation qui vont permettre aux acteurs innovants d’accoster, de s’arrimer et de valider le potentiel des collaborations. A commencer par les fournisseurs d’IA qui vont avoir besoin de données et d’informations internes et critiques des entreprises pour démontrer toute leurs capacités et créer la valeur qui est attendue d’eux. Ce qui implique aussi que la culture des entreprises va devoir évoluer vers plus d’ouverture, et donc plus de maitrise, des données partagées. Avec le niveau de confiance, et donc d’expertise technologique nécessaire pour maitriser les projets car il ne s’agira pas de « lâcher prise » mais bien d’être encore plus en maîtrise.

Auteur/autrice : Romain Péchard

Directeur de missions de conseil et de déploiement de projets, spécialisé dans les projets d'innovation digitale et de lancement de nouveaux projets d'amélioration de performance business ou d'entrée dans de nouveaux marchés. J'ai eu l'occasion de collaborer avec des entreprises dans différents secteurs d'activité (CPG, Automobile, Assurances, Technologies, Cosmétiques, Energie, Construction), aussi bien pour des missions d'accompagnement stratégique de transformation digitale, Open Innovation, eCommerce, que de lancement de nouvelles lignes d'activité (depuis la phase de business planning jusqu'à celui de lancement opérationnel)