Rise+, quand le CNRS s’associe à des startup studios

Le CNRS a mis en place depuis 2018 une stratégie de valorisation des recherches menées par ses différents laboratoires pour leur permettre de les transformer en entreprises privées et augmenter l’aura du CNRS au niveau mondial. L’initiative Rise+ a pour objectif d’accélérer le processus. Mais comme le rappelait l’article des Echos, cela se faisait jusqu’ici « à périmètre constant » : entendez sans aucun moyen supplémentaire ni ressource pour que les directeurs de recherche puissent passer moins de temps dans leurs labos et plus au sein de l’entreprise qu’ils souhaitent créer. Le partenariat avec les startups studios doit changer la donne. Pas certain cependant.

Partenariat avec les startups studio, un choix audacieux

Il aurait été une évidence pour le CNRS de s’associer avec des fonds d’investissements capables d’apporter le support financier nécessaire pour que les recherches puissent se transformer progressivement en entreprise, le temps que les directeurs de laboratoires se décident à sauter le pas dans les meilleures conditions. Mais un autre choix a été fait, celui de pousser les chercheurs à structurer leur approche très tôt.

En fonction du secteur et de l’état d’avancement, les idées ou embryons de startups issues du CNRS seront accompagnées par différents types de partenaires, même si tous labélisés « startup studio » : ceux qui sont sectoriels et apportent une structuration business, ceux qui sont plus spécialisés sur de l’accompagnement à la levée de fonds sous couvert de soutien opérationnel, et ceux qui seront certainement là pour faire la phase de business planning et de commercialisation.

Mais la question semble tout de même encore entière : comment accompagner les chercheurs pour qu’ils franchissent le pas de la recherche et s’engagent dans la commercialisation ? De nombreux sujets complexes sont attachés à cette question, comme celui de la répartition de la valeur entre le chercheur qui ne souhaite pas aller plus loin dans la partie commerciale, le startup studio qui a besoin d’aller vite pour rentrer dans ses frais, quitte à prendre des raccourcis irritants pour les chercheurs, le modèle d’investissement impliquant à la fois les chercheurs, le CNRS, les startup studios, et les fonds.

Une belle opportunité pour le CRNS de briller

Tout le challenge va être de gérer au mieux le mélange des genres lié aux différentes parties prenantes, le découpage des projets et des différents temps clés, et les attentes croisées. Le succès sera certainement lui lié à la capacité à protéger les directeurs de laboratoires et les chercheurs pour les mettre en valeur sans les broyer dans la machine à laver qu’est le montage et l’accélération d’un projet et sa transformation en entreprise.

Le CNRS est un vivier incroyable, il sera intéressant de voir si la greffe avec les startup studios pourra prendre pour le meilleur. Si c’est le cas, le CNRS aura trouvé un atout supplémentaire pour attirer des talents et des projets de recherche avec un argument de poids.

En fonction des résultats, l’alternative aux startups studios sera de pivoter vers un modèle de partenariat stratégique avec des entreprises en ligne avec le temps long de ces projets, en mettant en place une mécanique d’Open Innovation qui viserait à financer les recherches et laisser les partenaires stratégiques prendre en charge la commercialisation.

Auteur/autrice : Romain Péchard

Directeur de missions de conseil et de déploiement de projets, spécialisé dans les projets d'innovation digitale et de lancement de nouveaux projets d'amélioration de performance business ou d'entrée dans de nouveaux marchés. J'ai eu l'occasion de collaborer avec des entreprises dans différents secteurs d'activité (CPG, Automobile, Assurances, Technologies, Cosmétiques, Energie, Construction), aussi bien pour des missions d'accompagnement stratégique de transformation digitale, Open Innovation, eCommerce, que de lancement de nouvelles lignes d'activité (depuis la phase de business planning jusqu'à celui de lancement opérationnel)